ÉDUCATION POPULAIRE

Définition
Courant de pensée dont l'origine remonte à la fin du XVIIIe siècle, considéré comme l'une des racines du mouvement de l'Éducation* nouvelle des années 1920, et toujours actuel. Il vise un système d'éducation du peuple, par le peuple, pour le peuple, dans une perspective d'amélioration du système social. Aujourd'hui, il regroupe différents mouvements : CEMÉA (Centres d'entraînement aux méthodes d'éducation active), Francas (mouvement des Francs et Franches Camarades), Ligue de l'enseignement... et se fonde sur la volonté et la capacité de chacun de progresser et de se développer à tous les âges de la vie.

Mais il ne faut pas confondre l'Éducation populaire avec « l'École du peuple », « la pédagogie populaire », voire « l'École populaire » dont parle Célestin Freinet, car l'Éducation populaire s'adresse le plus souvent à des publics adultes*, hors système scolaire, et relève de l'éducation non formelle. Elle est le résultat de l'initiative citoyenne d'individus ou de collectifs autonomes porteurs d'un projet éducatif soit en rupture, soit complémentaire des dispositifs existants, ou se substituant à des dispositifs défaillants.

Cependant, des proximités existent entre ces différents univers, comme le rappelle le supplément de L'Éducateur de novembre 1978 titré « Perspectives d'Éducation populaire ». Proximité sur le plan des valeurs : ainsi, pour Jean-Rémi Durand-Gasselin (cité par Céline Delavaux, 2012), l'éducation populaire, « c'est se retrouver sur une éthique commune qui implique des façons de faire et des prisesde décision collectives, sollicitant la participation de tous et visant des idéaux généraux humanistes de partage du pouvoir, du savoir et de l'avoir » (p. 139). En conséquence, sur le plan des pratiques, l'Éducation populaire se rapproche des pédagogies* actives, coopératives*, autogestionnaires dans lesquelles l'ICEM* se reconnaît aussi – en particulier lorsqu'il y est question d'émancipation* par les savoirs et la culture définie à la fois comme « culture académique » et « culture dite populaire » (culture ouvrière, des paysans, de la banlieue, etc.).

Historique
On aurait pu penser que le cinéma, domaine pour lequel Freinet a toujours montré beaucoup d'intérêt, serait l'occasion d'échanges fructueux entre le mouvement de l'École moderne et certaines associations relevant de l'Éducation populaire (comme l'UFOCEL, devenue en 1953 UFOLEIS, Union française des oeuvres laïques pour l'éducation par l'image et le son). En fait, si des contacts entre la CEL* (Coopérative de l'enseignement laïc) et l'UFOLEIS ont bien eu lieu dans la première décennie de l'après-guerre, ils se sont réduits à peu de chose et ont été marqués davantage par la rivalité que par le partenariat (Michel Mulat, communication orale).

D'une façon plus générale, les relations entre l'ICEM et la Ligue de l'enseignement semblent être restées toujours très distantes.
Aujourd'hui, les liens entre divers secteurs de l'éducation populaire et l'ICEM se trouvent renforcés par l'existence depuis 2008 du Secteur Pédagogie* sociale, qui réunit un ensemble d'acteurs sociaux travaillant hors des institutions et dans les espaces publics.
Rappelons aussi que les RERS (Réseaux d'échanges réciproques de savoirs), qui se reconnaissent comme « association agréée d'éducation populaire », sont nés dans les années 1980 à l'école, dans une classe Freinet, celle de Claire Héber-Suffrin.
Ces deux structures poursuivent les mêmes objectifs que ceux que l'éducation populaire s'est de tout temps assignés.


 Pour aller plus loin

  • Jacky Chassanne et Michel Barré (coord.) (1978), Perspectives de l'Éducation populaire, supplément au n° 3 de L'Éducateur, novembre.
  • (gr Alain Vergnioux (2005), « École populaire, pédagogie populaire », in Cinq études sur Célestin Freinet, PU Caen, p. 27-41. Mis en ligne sur le site des Presses universitaires de Caen (texte intégral), http://books.openedition.org/puc/10538
  • Céline Delavaux (2012), « Peuple et culture, un humanisme radical », in Cassandre/ Horschamp (collectif), Éducation populaire, une utopie d'avenir, éd. Les liens qui libèrent, p. 139-142.
  • Francis Lebon et Emmanuel de Lescure (dir.) (2016), L'Éducation populaire au tournant du XXi siècle, éd. du Croquant.
  • Régis Balry (sans date), « Qu'est-ce que l'éducation populaire ? », site des CEMEA Pays de Loire, http://www.cemea-pdll.org/Qu-est-ce-que-l-education 

Item du Dictionnaire de la pédagogie Freinet, Laboratoire de Recherche Coopérative de l’ICEM-Pédagogie Freinet, ESF, 2018.